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Le coup d’après

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L’inflation, pour se débarrasser de la dette.

Assignats révolutionnaires

Après cinq ans de crise non résolue, le retour de l’inflation ne va-t-il pas apparaître bientôt comme le seul moyen d’alléger le fardeau de la dette, les autres solutions tentées jusqu’ici n’ayant donné aucun résultat ? La voie frontale de l’hyper-austérité ressemble à une impasse économique butant sur le social et la politique. Quant au retour de la croissance, il apparaît plus qu’hypothétique dans nos sociétés vieillissantes. Or pour certains experts, les politiques menées par les banques centrales – “mesures non conventionnelles” –, en injectant massivement des liquidités, nous prépareraient un retour de l’inflation. Fuite en avant ou voie de salut ? En perdant son combat pour la stabilité des prix et la non-monétisation de la dette – accusations que récuse évidemment Mario Draghi, le patron de la BCE -, qui faisait il n’y a pas si longtemps la pluie et le beau temps sur la monnaie a probablement ouvert la boite de Pandore.

De toute façon, croyez-moi, cette dette ne sera jamais remboursée !” Que vaut cette surprenante mise en garde – lapidaire – lancée publiquement cet été par le banquier Michel Cicurel à l’occasion des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence ? Ce pronostic relayé par quelques officines de placements en mal de publicité n’est partagé pour l’instant que par une minorité d’économistes. Son enjeu est pourtant crucial puisqu’il revient à savoir qui – des créanciers ou des débiteurs – paieront in fine les pots cassés d’une crise qui trouve sa source dans un surendettement – d’abord privé puis public – accumulé comme jamais ces quinze dernières années dans les pays industrialisés.

Une dette “jamais remboursée” ? Cela voudrait-il dire que l’on se dirigerait inéluctablement sans prévenir vers une banqueroute telle celle que l’on a connue en France sous le Directoire en 1797, où l’on effaça du jour au lendemain les “deux tiers” des titres publics pour solder la dérive des finances publiques de l’Ancien Régime et la Révolution ? Personne ne songe aujourd’hui à réaliser aussi brutalement une telle remise à zéro des compteurs. D’autant qu’il existe un autre moyen beaucoup moins douloureux et tout aussi efficace de se débarrasser de la dette : l’inflation ! Rembourser en monnaie de singe – c’est-à-dire avec une monnaie dévalorisée par la hausse des prix – a toujours été historiquement le rêve de tous les débiteurs impécunieux.

Cela leur évite d’avoir à se serrer la ceinture et même de travailler plus pour accroître leurs revenus en vue d’améliorer leur capacité de remboursement. A l’échelle d’un pays, cela s’appelle l’austérité et la croissance. Mais jusqu’à présent, cette volonté se heurte à une réalité contrariante : hormis quelques foyers localisés de hausse des prix, du côté de l’énergie et des matières premières alimentaires, le monde évolue dans une atmosphère, non pas d’inflation, mais au contraire de déflation, c’est-à-dire d’une tendance à la baisse des prix du fait d’un excédent généralisé d’offre face à une demande atone.

Inflation ou stagflation

L’ “espoir” des emprunteurs d’une résurgence de l’inflation n’est toutefois pas perdu, loin s’en faut. Selon les tenants de la thèse inflationniste, les politiques menées par les banques centrales pour juguler la crise – et qui reviennent grosso modo à faire tourner “la planche à billets” – nous prépareraient en effet un retour au grand galop de l’inflation. Cette dernière, en épongeant rapidement les dettes accumulées, permettra-t-elle de faire repartir la machine en redonnant la main aux débiteurs pour un nouveau cycle de croissance économique ? On peut l’espérer mais on peut tout aussi bien craindre qu’à l’inverse, la situation débouche sur la stagflation, à savoir, l’addition de la stagnation économique et de l’inflation du fait du laminage des revenus et des patrimoines. Scénario rose, ou scénario noir : c ’est ce qui s’appelle jouer l’avenir aux dés. Face à une alternative aussi angoissante, les “gardiens” de la stabilité des prix en Europe, réunis au sein du directoire de la BCE, se refusent à franchir le dernier pas de la monétisation de la dette, considérée comme l’ultime étape vers la relance inéluctable de l’inflation. Un saut que leurs collègues de la Réserve féderale américaine n’ont pas hésité à faire, eux, si bien que certains experts estiment que la mécanique inflationniste est probablement déjà lancée de par le monde.

Dette privée + dette publique : l’insupportable fardeau

C’est une certitude : le jugement de l’histoire sera implacable avec les contemporains du début du troisième millénaire qui se sont comportés comme des cigales totalement inconséquentes et désinvoltes. Dans un premier temps – les années 2000 à 2007 -, les agents économiques privés – ménages, entreprises et institutions financières – ont recouru comme jamais aux emprunts pour se payer qui une maison ou une automobile, qui une société concurrente, qui pour gonfler ses profits en jouant de l’effet de levier, tous ayant profité de taux d’intérêt maintenus à des niveaux incroyablement bas par les autorités monétaires.

Mais un jour, comme dans la fable, la bise s’est mise à souffler fort en 2008, avec l’hiver de la crise financière. Ne laissant pas d’autre choix au secteur public, dépourvu d’excédents financiers à la suite de décennies de laxisme budgétaire, que de prendre le relais en empruntant massivement à son tour pour éviter le cataclysme général. Et voilà comment tous les pays – ou presque – de l’OCDE se retrouvent aujourd’hui face à une montagne de dettes : un excès d’endettement généralisé sans équivalent dans l’histoire, hormis les périodes de guerre ! Au Japon, la dette cumulée des ménages, des entreprises et du secteur public s’élève à 4 fois la richesse annuelle produite (400 % du PIB), au Royaume-Uni à 3 fois (300 % du PIB), aux Etats-Unis et dans la zone euro à 2 fois (200 % du PIB).

Un tel fardeau plombe les budgets. En France, par exemple, la charge d’intérêts qui avoisine les 40 milliards d’euros est devenue le premier poste de dépenses de l’Etat, devant l’Education nationale ou la Défense. Difficile d’imaginer aller plus loin. Tout le monde sent bien intuitivement qu’il se passera tôt ou tard nécessairement quelque chose. Que ce soit un problème de liquidité – tel pays ne pouvant plus assurer sur son argent courant le paiement des intérêts – ou un problème de solvabilité – le pays n’ayant plus la capacité d’amortir sa dette faute de ressources – avec à la clé dans les deux cas un effondrement de l’économie !

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